Racontons une terre sans frontières
Loin de l’image de lieux éloignés et à la marge, les régions frontalières ont toujours été des terres de passage et d’échanges, des nœuds stratégiques à travers lesquels passent marchandises, personnes, idées et où s’écrivent projets, économies et amitiés. C’est à cette dynamique que la Communauté de Communes du Guillestrois-Queyras contribue aujourd’hui à l’échelle transfrontalière, au sein d’un partenariat franco-italien convaincu qu’une réponse adéquate aux enjeux des prochaines décennies doit aussi être apportée à ce niveau territorial.
Terre de coopération active depuis plus d’un siècle ‐ à l’occasion, notamment, de l’accueil côté français des migrants piémontais qui fuyaient alors la pauvreté qui régnait dans leur pays après la Première guerre mondiale, les Terres Monviso rassemblent une communauté située dans la boucle que forment le Col Agnel au nord et le Col de Larche au sud.
Couvrant une superficie de 5 137 km² située de part et d’autre du sud du Mont Viso (3 841 m), ce territoire transfrontalier franco-italien compte 116 communes, dont 66 dans la partie occidentale de la Province italienne de Cuneo et 45 situées sur les départements français des Alpes de Haute‐Provence et des Hautes‐Alpes*. La Communauté de communes du Guillestrois-Queyras en fait partie côté français, avec celles de Serre-Ponçon et de la Vallée de l’Ubaye – Serre-Ponçon. Côté italien, il compte la Commune de Saluzzo et neuf Unions de montagne de la plaine et les vallées du Saluzzese, sur la Province de Cuneo. Il rassemble ainsi un peu plus de 155 000 habitants au total.
Les Terres Monviso sont un territoire cohérent d’un point de vue historique, culturel, paysager, environnemental et socio‐économique, dont les autorités ont choisi de travailler conjointement à son avenir en coordonnant l’action publique qui y est menée.
Lancée par la Déclaration de Baratier, du nom du village des Hautes-Alpes où elle a été signée en 2016, puis confortée par le Manifeste des Terres Monviso signé en 2023 au col de Larche, cette volonté de coordination se concrétise depuis plus de vingt ans à travers des projets européens de coopération, et plus récemment (2018) dans un Plan Intégré Territorial (PITER). Ce Plan a été soutenu à hauteur de près de 6 millions d’euros par les fonds du programme INTERREG ALCOTRA, instrument de l’Union européenne dédié à la coopération territoriale sur la frontière franco-italienne.
Ce premier PITER, lancé en 2018 et clôturé en 2023, a permis l’expression plus concrète localement de cette coopération transfrontalière. Quatre projets thématiques ont ainsi été mis en œuvre dans le domaine de la sécurisation de la mobilité, le verdissement des économies de montagne, le tourisme et l’inclusion sociale, adossés à une stratégie de territoire construite en commun.
L’expérience, concluante, a nourri la réflexion politique et technique pendant toute l’année 2023, permettant le coup d’envoi d’un second Plan Intégré Territorial (dit PITER+) pour la période 2024-2028. Construite sur les mêmes principes transfrontaliers et mise en œuvre par un partenariat aux liens désormais renforcés, la nouvelle stratégie conforte un certain nombre de priorités partagées pour une intervention coordonnée :
- la gestion des risques naturels et la sécurisation de la mobilité transfrontalière ;
- l’attractivité du territoire, en particulier pour les jeunes générations et les nouveaux habitants ;
- la transition des économies de montagne, dont le tourisme, la culture et le patrimoine sont des acteurs majeurs.
Avec un engagement financier d’ALCOTRA d’un peu plus de 5 millions et demi d’euros sur quatre ans si la candidature est acceptée, trois projets répondant à ces trois grands défis sont en cours de construction partenariale en cette année 2024. Outre le rôle qu’elle compte jouer dans certains d’entre eux, la Communauté de communes du Guillestrois-Queyras assume les rôles de chef de file et de coordinateur transfrontalier de ce Plan Intégré Territorial des Terres Monviso.
